1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

De Londres à Kigali, un nouveau système migratoire

Marco Wolter | Avec agences
14 juin 2022

C'est ce mardi que devait décoller le premier vol de transfert de demandeurs d'asile du Royaume-Uni vers le Rwanda.

https://p.dw.com/p/4Chrz
Großbritannien Protest gegen die Abschiebung von Geflüchteten zurück nach Ruanda
Image : Niklas Halle'n/AFP/ Getty Images

Il s'agit d'un accord très controversé conclu entre Londres et Kigali et par lequel le Royaume-Uni veut dissuader les migrants de traverser la Manche pour gagner clandestinement le pays.

Les derniers recours en justice d'associations de défense des migrants pour protester contre ces expulsions et le premier vol qui devait avoir lieu ce mardi soir (14.06) ont été rejetés.

Ils viennent du Soudan, d’Ethiopie, d’Erythrée ou encore de Somalie. Le centre de transit à Gashora, au sud de Kigali, accueille des migrants dont la route vers l’Europe s’est arrêtée en Libye. C’est grâce à un accord conclu avec le Haut-commissariat aux réfugiés qu’ils ont été transférés vers le Rwanda.

Le Rwanda, "un endroit peu sûr"

Parmi eux se trouve Peter Nyuoni. Il a fui le Soudan du Sud il y a huit ans. L’homme de 22 ans a été transféré ici l’an dernier, mais ne veut pas rester au Rwanda. Et il a un message pour le gouvernement du Royaume-Uni :

"Je voudrais dire au gouvernement britannique qu’il s’agit d’êtres humains. Vous ne pouvez pas leur dire de partir, puis de rester ici au Rwanda, ou leur ordonner de faire ceci ou cela. S'ils se sentent mieux au Royaume-Uni, alors le Royaume-Uni est mieux pour eux."

Ecoutez le reportage...

Un sentiment que partage l’opposante rwandaise Victoire Ingabire, qui dénonce vivement cet accord. Pour elle, le pays est tout sauf prêt à recevoir ces demandeurs d’asile :

"Ces demandeurs d'asile n'auront pas d'avenir au Rwanda car le pays est encore en train de se reconstruire. Les Rwandais sont classés parmi les populations les moins heureuses du monde selon l'indice de bonheur 2022 et les tensions politiques entre le Rwanda et les États voisins sont devenues fréquentes et durables, faisant du pays et de toute la région des Grands Lacs un endroit peu sûr."

A (re)lire également : Emission spéciale sur les conflits armés dans les Kivus

Un avion quasiment vide

A Londres, le gouvernement campe toutefois sur sa position. Quitte à faire décoller ce soir un avion quasiment vide. Seuls sept sur les quelque 130 demandeurs d’asile se retrouveront effectivement à bord de ce vol, selon l’association de défense des migrants Care4Calais. Mais la cheffe de la diplomatie britannique Liz Truss, maintient le cap :

"Le vol décollera ce soir (14.06). Il est très important que nous établissions le principe de cette route vers le Rwanda. Il s'agit d'un élément clé de notre stratégie de lutte contre les effroyables passeurs qui font commerce des espoirs et des rêves des gens et qui, dans de nombreux cas, leur coûtent la vie. Si des personnes ne sont pas sur le vol d'aujourd'hui, elles le seront sur les vols suivants à destination du Rwanda, car nous devons briser ce cycle."

Système "défailant"

Les migrants expulsés seront hébergés dans un hôtel de Kigali. "Ce n'est pas une prison", insiste le propriétaire. "Comme vous le voyez, tout est sécurisé. Nous sommes là pour les protéger. Nous avons des surveillants, des caméras, mais aussi un système d'alarme."

"Fuir le danger ne devrait pas être illégal" dénonce cette manifestante à Londres, le 13 juin 2022
"Fuir le danger ne devrait pas être illégal" dénonce cette manifestante à Londres, le 13 juin 2022Image : Niklas Halle'n/AFP/ Getty Images

Dans le même esprit, le gouvernement rwandais l’assure : les demandeurs d’asile déboutés auront la possibilité de "s’installer de manière permanente au Rwanda".

Selon la porte-parole du gouvernement rwandais, Yolande Makolo, "il s'agit de faire partie d'une solution à un système d'asile mondial défaillant. Nous faisons cela pour les bonnes raisons. Nous avons l’expérience. Nous voulons accueillir les personnes qui sont dans des situations précaires. Nous comprenons qu’il y a des oppositions à cela mais il faut donner une chance à ce programme. Il n’y a pas beaucoup d’autres solutions."

Symbolbild I Journalismus
Marco Wolter Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welledw_francais