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RDC : l'armée peine à sécuriser l'est du pays

28 juillet 2022

De nombreux Congolais critiquent la Monusco. Pour de nombreux experts, c'est pourtant l'inefficacité de l'Etat congolais qui est responsable de l'insécurité.

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Les forces armées de la RDC dans le Nord-Kivu
Les forces armées de la RDC dans le Nord-KivuImage : Alain Wandimoyi/AFP

"Si l'autorité de l'État ongolais existait réellement dans cette partie du pays, ce qui est en train d'arriver aujourd'hui n'arriverait pas, a declaré à la DW Jean-Jacques Lumumba, banquier, lanceur d'alerte, ambassadeur d'Unis, un réseau panafricain de lutte contre la corruption et porte-parole de la Dynamique Congo 2060. 

Des manifestants en colère devant le siège de la Monusco à Goma, le 25 juillet 2022
Des manifestants en colère devant le siège de la Monusco à Goma, le 25 juillet 2022Image : Moses Sawasawa/AP/picture alliance

Comme lui,  beaucoup de Congolais estiment que même si les Casques bleus de l’Onun’ont pas réussi à pacifier l’est de la RDC, c’est à l’État congolais qu’incombe cette responsabilité.

Jean-Jacques Lumumba ajoute que "malheureusement, pendant plus de 20 ans, sécuritairement, le pays ne s'est pas renforcé. Beaucoup de programmes, entre autres le DDR  qui a été mis en place au sortir de Sun City (l’Accord de Sun City est un accord signé le 19 avril 2002 à Sun City en Afrique du Sud entre certaines parties à la Deuxième Guerre du Congo, à l’issue du dialogue inter-congolais, ndlr). Cet accord n'a malheureusement pas été respecté. Ce qui fait qu'aujourd'hui, cette partie souffre réellement d'une crise et de l'absence de l'Etat."

Faible budget

Face à l’insécurité devenue endémique dans l’est de la RDC depuis un quart de siècle, le président Félix Tshisekedi a décrété le 6 mai 2021, l'état de siège dans deux provinces. Il s'agit de l’Ituri et du Nord-Kivu. L'administration de ces deux provinces a été confiée à des officiers militaires et des policiers. Un peu plus d'un an après, l’insécurité est allée crescendo en dépit des moyens financiers et matériels mis à la disposition des Forces armées congolaises par l'État. Des moyens que Jean-Jacques Lumumba juge insuffisants : 

L'interview de Jean-Jacques Lumumba

"La part allouée aux forces de sécurité reste insignifiante pour permettre de résorber cette crise. Il faut beaucoup de moyens, il faut faire des sacrifices pour permettre à ce que le budget de l'armée soit renforcé constamment. Parce que la sécurité reste l'une des priorités de la stabilisation de cette région", soutient-il.

Détournements

En plus des complicités de certains soldats Congolais avec les groupes armés, Reagan Miviri, analyste au Baromètre sécuritaire du Kivu, déplore aussi le détournement de ces modestes moyens mis à la disposition des Forces armées :

"Même quand il y a eu état de siège, on nous a dit qu'il y a eu des moyens qui ont été ajoutés. Bien sûr, il y a eu des décaissements. Mais, après, il y a eu aussi des détournements. Ce n'est pas sûr que tous les moyens qui ont été mis à la disposition de l'armée soient arrivés au front", déplore Reagan Mviri.

Des soldats des FARDC participent à une patrouille à pied dans le village de Manzalaho non loin de Beni
Des soldats des FARDC participent à une patrouille à pied dans le village de Manzalaho non loin de BeniImage : Alexis Huguet/Getty Images/AFP

En août 2021, plusieurs officiers de l’armée avaient été arrêtés. Ils étaient soupçonnés de détournement des fonds alloués aux opérations militaires du Nord-Kivu. Les auteurs présumés de ce délit ont été appréhendés et mis à la disposition de la justice.