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RDC : le cobalt, la tare des constructeurs automobiles

Emma Gouaille | Jonas Gerding
27 juin 2019

Un accident mortel de mineurs clandestins en RDC relance le débat de l'extraction du cobalt pour les constructeurs automobiles.

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Ruashi-Mine in der Demokratischen Republik Kongo
Image : DW/J. Gerding

L'industrie automobile s'interroge sur la filière cobalt, indispensable à la fabrication des véhicules électriques.

Au moins 19 mineurs clandestins ont été tués ce jeudi 27 juin en République démocratique du Congo. Deux galeries se sont effondrées à Kolwezi dans une mine exploitée par Kamoto Copper Company qui extrait du cobalt et du cuivre.

La RDC représente 58 % de la production mondiale. Mais les mineurs vivent souvent dans des conditions déplorables et beaucoup d'habitants riverains vivent de l'exploitation illégale. 

Il se rend dans les mines parfois à la nuit tombée. Puis il creuse des puits pour extraire du cobalt qui sera ensuite vendu sur le marché noir. 
Remi Tshanda, connaît les risques. Les tunnels pourraient s'effondrer et l'enterrer vivant. Et puis il y a les forces de sécurité.

"On ne vole pas. Nous ne prenons que ce qui nous revient de droit. Alors, ils lâchent les chiens sur nous et nous tirent dessus", raconte le jeune homme de 19 ans.

Ruashi-Mine in der Demokratischen Republik Kongo
Comme beaucoup d'autres à Ruashi, Remi n'a pas appris d'autre métier.Image : DW/J. Gerding

La semaine dernière, l'armée congolaise a déployé lundi 800 hommes pour traquer ces mineurs illégaux dans les concessions de Tenke Fungurume Mining à Lubumbashi. 

L'industrie automobile s'interroge désormais sur la viabilité de la filière du cobalt en raison notamment des drames comme celui qui vient de survenir à Kolwezi. Mais aussi du travail des enfants dans les mines clandestines ou encore du mépris des entreprises minières pour les populations riveraines.

Stéphanie Kayambi, 47 ans, a vécu longtemps à proximité immédiate de la mine. Mais depuis le 14 novembre 2017, elle veut partir. Ce jour-là, son enfant, Kathy, onze ans, rentrait de l'école.  

"Une sirène a retenti, comme d'habitude, quand la bombe a explosé. Comme des centaines de mètres de roche peuvent être jetés hors de la mine, les résidents ne sont pas autorisés à rester près de la mine, explique la mère de onze enfants. Mais ma fille n'a pas eu le temps de se mettre à l'abri. Dès que la sirène a retenti, elle a été touchée par un projectile."

Ruashi-Mine in der Demokratischen Republik Kongo
« La Ruashi Mining Company n'a pas accepté de responsabilité dans cette affaire. Ils nous ont dit : "Nous payons de l'argent pour dédommager la famille. Mais sachez que personne n'a été tué depuis l'ouverture de l'usine. Ça ne peut pas venir de nous." »Image : DW/J. Gerding


Elle a longtemps espéré une indemnisation mais a perdu son combat devant les tribunaux. Contactée, la société d'exploitation a déclaré que Kathy s'était rendue illégalement sur le site minier. 


En mars dernier, BMW a annoncé son intention de se passer complètement du cobalt du Congo à partir de 2020-2021.

Ruashi-Mine in der Demokratischen Republik Kongo
La matière première est principalement utilisée pour les batteries lithium-ion, qui sont les plus courantes dans les voitures électriques, les smartphones et les ordinateurs portables.Image : DW/J. Gerding


Si la demande de cobalt pour les voitures électriques était de 20.000 tonnes en 2016, elle pourrait être multipliée par vingt d'ici 2030. 
Un embargo complet ne conduirait donc qu'à une "contrebande massive", selon Matthias Buchert, chef du département Ressources et mobilité de l’Ökoinstitut de Fribourg
Au lieu de cela, il appelle à la mise en œuvre de normes minimales demandées par tous les constructeurs automobiles.