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RDC : ces ex-chefs de guerre convertis en garant de la paix

7 mars 2022

Thomas Lubanga, Germain Katanga et Floribert Ndjabu sont les otages de la Codeco. Ils avaient été missionnés par Kinshasa pour négocier un cessez-le-feu.

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Thomas Lubanga devant la CPI en 2014
Thomas Lubanga devant la CPI en 2014Image : Reuters

Thomas Lubanga et Germain Katanga ne sont pas des inconnus. Tous deux ex-chefs de milice, ils ont été condamnés par la CPI pour des crimes commis en Ituri et ont purgé des peines respectives de 14 et 12 ans de prison. 

Floribert Ndjabu est, lui, resté en prison en RDC pendant 15 ans pour l'assassinat de neuf Casques bleus.

Et pourtant, les trois hommes ont été mandatés par le président Tshisekedi pour négocier avec la Codeco en Ituri. Une situation qui soulève plusieurs questions comme celle du "recyclage" d'anciens membres de groupes armés au sein des FARDC ou encore le recours à d’anciens rebelles pour le retour de la paix.

Pour de nombreux membres de la société civile, c'est leur profil même qui pose problème. C’est le cas de Stewart Muhindo, qui travaille pour le Centre de Recherche sur l’Environnement, la Démocratie et les droits de l’homme (CREDDHO). Pour lui, leur nomination pour une mission de retour de la paix perpétue le cycle de l’impunité.

"Toutes ces solutions de recours à des anciens rebelles pour prendre d’anciens rebelles, c’est une forme de recyclage de l’insécurité"( Jacques Njoli)

"C’est quand même assez paradoxal que parfois les mêmes personnes qui ont commis des crimes dans une communauté, qui n’ont pas été punis pour ça, qui ne les ont même pas reconnus soient amenés à promouvoir la paix. Cela pose quand même un sérieux problème de justice pour les victimes parce que les gens qui ont subi les crimes commis par ces anciens assaillants ont quand même le droit à la justice. Et tant que cela ne leur est pas garanti, il n’est pas évident que ces missions de pacification menées par ces anciens rebelles puissent aboutir, " explique l’activiste à la DW.

Instauration d’un Etat fort

Pour Jacques Njoli, député national et premier vice-président de la commission défense et sécurité de l’Assemblée nationale, sans une réponse militaire claire, le pays va s’enliser comme il y a plus de 20 ans dans ce conflit. Pour lui, il faut restaurer l’autorité de l’Etat qui doit avoir le monopole de la force.

"Toutes ces solutions de recours à des anciens rebelles pour prendre d’anciens rebelles, c’est une forme de recyclage de l’insécurité qui ne fait que faire prospérer ce commerce de la mort. Au niveau de la commission de défense, nous allons inviter le coordinateur et l’ensemble des personnes engagées sur le processus DDR-CS pour nous dire comment, en bientôt une année, il n’y a toujours pas de centre d’accueil, est-ce que c’est un problème de fond ? Sans un processus de désarmement, le système reste hémiplégique, "souligne le député.

Personnalités controversées

En août 2021, le président Tshisekedi a nommé Tommy Tambwe Rudima coordinateur du programme de Désarmement, Démobilisation et Relèvement communautaire et Stabilisation (P-DDRCS). Une personnalité controversée car il a fait partie de la rébellion du RCD dans les années 2000. Arrivé aujourd’hui au Sud Kivu pour lancer ce mercredi le P-DDRCS, Tommy Tambwe a expliqué les prochaines grandes étapes du programme dans cette province.

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"Nous sommes là pour passer à l’opérationalisation du plan DDR-CS. Nous aurons des réunions de consultation, mais aussi il y aura un atelier sur les groupes armés. Nous avons élaboré le plan stratégique du programme DDR-CS. Après le plan stratégique qui sera validé d’ici quelques jours avec l’appui de toutes les parties prenantes, nous allons passer à une autre étape, celle de la matérialisation, le plan d’action pour chaque province," a expliqué le coordinateur du P-DDRCS lors de son point de presse.

Vers une libération des otages ?

Des négociations ont été entamées pour leur libération. Le groupe armé Codeco réclame, entre autres revendications, l’amnistie pour ses combattants, leur intégration dans l’armée régulière ainsi que la fin de l’état de siège. 

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Lors de la réunion du conseil des ministres qui s’est déroulée le 25 février dernier, le ministre de la Défense, Gilbert Kabanda, a rassuré que les négociations évoluent bien et qu’elles auront une issue heureuse.

 

 

DW-Redaktion Afrika-Französisch
Wendy Bashi Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welle@WenBash