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Nord-Kivu : des activistes menacés d’emprisonnement

Zanem Nety Zaidi
14 octobre 2022

En RDC, les défenseurs des droits de l'homme du Nord-Kivu sont de plus en plus menacés d’emprisonnement depuis l'instauration de l'état de siège.

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Une scène de rue du quotidien dans la ville de Goma, avec des voitures, motos, vendeurs et passants
Aux pressions politiques s’ajoutent des menaces de mort qui empêchent les défenseurs des droits humains de faire correctement leur travail.Image : Jesko Johannsen

Souzy Kisuki est une jeune femme activiste de la ville de Goma. Mais son activité met en péril sa propre sécurité.  

"Dans notre pays, dénoncer quelque chose revient à menacer les intérêts de certaines personnes. C'est pourquoi nous menons une vie d'insécurité. Même quand je me déplace, je me demande si je ne vais pas être arrêtée à tout moment", indique Souzy Kisuki à la DW.

Souzy Kisuki est membre du groupe de pression Veranda Mutsanga. En dépit des menaces qu'elle reçoit régulièrement et des risques qu'elle doit prendre dans son travail, elle refuse d’abandonner :

"Je n'admets pas l'idée d'abandonner mon combat, car je rêve de voir un nouveau Congo. J'en profite pour appeler d'autres femmes à l'activisme des droits humains car grâce à nous, les femmes, le pays peut avancer. Je ne me suis jamais sentie découragée."

Ecoutez le sujet de Zanem Nety Zaidi, le correspondant à Goma

Régime d’exception depuis mai 2021

Les provinces du Nord-Kivu et de l'Ituri sont sous état de siège et depuis le début de ce régime d'exception, en mai 2021, la pression politique sur les défenseurs des droits humains s’est aggravée, explique Jacques Sinzaera, un activiste : 

"Pendant cette période d’état siège, les menaces contre nous se sont multipliées. Je me souviens que lorsque j'ai lancé une campagne d'éducation citoyenne à Beni sur les droits et obligations des populations, le maire de la ville et le commandant de la police urbaine se sont impliqués pour me traquer et tout ça, ce sont des menaces auxquelles nous faisons face, raconte à la DW Jacques Sinzaera. Mais nous n'allons pas croiser les bras. Il y a des vies humaines en danger que nous devons sauver et il nous faut dénoncer les pratiques de violations des droits de l'homme." 

Dans le cadre du projet Renforcement des initiatives de sauvetage des défenseurs au Congo, un rapport souligne ainsi la criminalisation croissante des activités des défenseurs des droits de l'homme. Celui-ci offre des recommandations pour permettre aux militants et aux acteurs de la société civile de faire leur travail en sécurité.

Protéger les défenseurs des droits humains

Des soldats des FARDC assis sur un véhicule militaire dans une zone d'échanges de tirs avec des membres des ADF à Opira, au Nord-Kivu, le 25 janvier 2018
Des autorités militaires dirigent le Nord-Kivu depuis l’entrée en vigueur de l’état de siège Image : Alain Wandimoyi/AFP

Vicar Batundi, initiateur de ce projet fait savoir sur la DW que  "nous demandons au parlement congolais d'accélérer le processus d'adoption de la proposition de loi sur la protection des défenseurs des droits de l'homme en RDC. Deuxièmement, nous demandons qu'il y ait des enquêtes sur les assassinats des défenseurs des droits de l'homme et que les auteurs soient punis, car l'application de la justice réparatrice peut honorer la République." 

Concernant le harcèlement judiciaire dont sont victimes les activistes des droits humains, 97 d’entre eux font actuellement face à des poursuites dans quatre provinces de l’est de la RDC, selon le même rapport. Des poursuites qui sont engagées par les autorités congolaises.