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La vie difficile des femmes veuves en Côte d'Ivoire

Julien Adayé
8 mars 2022

Les femmes veuves sont nombreuses en Côte d'Ivoire et doivent se battre pour survivre. L'une d'entre elles se confie.

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Les femmes veuves doivent faire face à toutes les charges seules (photo d'illustration)
Les femmes veuves doivent faire face à toutes les charges seules (photo d'illustration)Image : Tsvangirayi Mukwazhi/AP/picture alliance

Les femmes ivoiriennes qui ont perdu leur mari -par exemple lors de la crise post-électorale qui s'est déroulée il y a une dizaine d'années- sont nombreuses. Parmi elles : Kadi Kado, âgée de 50 ans, mère de quatre enfants qu'elle élève seule depuis le décès de son époux, lors de la crise post-électorale de 2011. 

"On vit au jour le jour", raconte-t-elle au micro de la DW. "Quand je dis au jour le jour, c'est avec les dons, je veux dire que je survis avec mes enfants". En plus de ces difficultés financières, Kadi Kado a été victime d'un accident cardiovasculaire en octobre dernier, qui a laissé des traces et rend, davantage encore, son quotidien compliqué.

Les charges s'accumulent

Mais Kadi Kado refuse de baisser les bras. Elle travaille comme assistante dans une école privée. Un travail pour lequel elle perçoit un salaire net de 90.000 francs CFA, soit 137 euros par mois. "Ça me permet au moins d'avoir un peu d'argent pour payer le loyer de cinquante mille francs", explique la mère de famille. Mais son salaire reste insuffisant pour faire face à ses nombreuses charges, telles que l'électricité ou l'eau. Elle a d'ailleurs encore des arriérés de loyer depuis sa maladie. Sa voix se remplit parfois de larmes quand elle en parle. 

"Je survis avec mes enfants"

Manifestation en 2010 à Gagnoa
En Côte d'Ivoire, de nombreuses femmes ont perdu leur mari lors de la crise post-électorale de 2010-2011Image : Issouf Sanogo/AFP/Getty Images

Une situation difficile aussi pour sa fille, Mariam-Nicole, âgée de 21 ans, étudiante en gestion commerciale. Consciente de la situation que traverse sa mère, Mariam-Nicole a un seul objectif : celui de réussir à l'école. "Moi je ne la plains pas", dit la jeune fille. "Mon objectif aujourd'hui, c'est d'enlever ma maman de cette situation. Si ma maman fait déjà l'effort de me mettre à l'école, j'ai conscience que l'effort qu'elle fait c'est pour que je réussisse.''

Quotidien difficile aussi pour les enfants

Au décès de son père en 2011, Salif Bocoum, l'aîné de la famille, a dû arrêter ses études pour apprendre le métier de couturier. Sans argent pour s'installer à son propre compte, Salif fait de petits contrats chez des créateurs de modes pour subvenir à ses besoins et venir en aide à sa famille.

Des élèves à Paillet
Face aux difficultés des parents, certains enfants doivent quitter l'école pour travailler (image d'illustration)Image : LUC GNAGO/REUTERS

La vie de la veuve Kadi et de ses quatre enfants n'est pas un cas isolé. Les crises politiques à répétition en Côte d'Ivoire ont fait beaucoup de veuves et d'orphelins. Souvent, ces femmes sont seules à s'occuper de leurs enfants, délaissées par les pouvoirs publics. 

Kadi Kado espère de l'aide pour trouver un travail mieux payé et aussi financer un atelier de couture pour son fils aîné, qui pourrait alors subvenir aux charges de ses autres enfants.