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La prolongation du vote en RDC est-elle légale ?

Paul Lorgerie
21 décembre 2023

Alors que le jour du vote était fixé au 20 décembre, des électeurs et électrices se trouvaient encore dans les centres, ce jeudi, afin d'exercer leur devoir citoyen.

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Devant un bureau de vote à Kinshasa
Les élections se voulaient inclusives mais le 20 décembre, tout le monde n'a pas pu voter. Image : Paul Lorgerie/DW

Mercredi soir, Denis Kadima annonçait que les électeurs qui n'avaient pas pu voter ce mercredi 20 décembre, en raison de problèmes techniques et logistiques, pourraient se rattraper jeudi.  "Les bureaux de vote où les gens ont pu voter ne peuvent plus ouvrir. Demain, ce seront simplement les bureaux qui n'ont pas pu ouvrir", a précisé le président ce la Céni en RDC

Mais la loi électorale permet-elle l'ouverture des bureaux de vote, le lendemain de la date arrêtée dans le calendrier ? La réponse oscille entre le flou et la nuance. S'il y est bien spécifié que l'ouverture des bureaux peut déborder sur le jour d'après, et ce jusqu'à ce que le dernier électeur a glissé son bulletin dans l'urne, il semble qu'un bureau qui n'a pas ouvert le jour-J ne pourra jamais ouvrir.  

Que dit l'article 52 ?

La loi électorale sous les yeux, le doigt pointé sur l'article 52 qui régi l'organisation du jour de l'élection, Ithiel Batumike, analyste politique au centre de recherche indépendant Ebuteli, le confirme : "Des bureaux qui n'ont pas ouvrir hier, jusqu'à minuit, mais qui sont en train de voter actuellement, c'est une hypothèse qui n'entre pas dans le cadre de la loi. Et malheureusement, Denis Kadima, président de la Céni, ne dit pas quelle disposition l'autorise à organiser les élections un jour après." 

Des personnes déplacées attendent pour voter au centre de Kanyaruchinya, proche de Go,a
Malgré la pluie, ces électrices déplacées comptent bien déposer leur bulletin dans l'urne Image : ARLETTE BASHIZI/REUTERS

Crédibilité entachée 

Donc, au moment où les premiers dépouillements commençaient, et que les premières tendances commençaient à fuiter, des électeurs glissaient leur bulletin dans l'urne. Une superposition des processus problématique pour Ithier Batumike : "Lorsqu'on voit les tendances qui sortent des bureaux qui ont voté hier, cela a une influence sur les bureaux qui votent encore", explique-t-il.   

Pour le chercheur Bob Kabamba, une pause aurait été judicieuse afin de rectifier le tir : "Il est plus sage de pouvoir mettre une pause et de recommencer, voire de corriger ce qui n'a pas été et d'essayer de voir comment améliorer ce processus pour qu'il soit crédible." 

Jeudi soir, à l'heure de notre journal, les derniers bureaux de vote devraient avoir fermé leurs portes.