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Pourquoi le M23 va-t-il se retirer de ses positions ?

Saleh Mwanamilongo
7 décembre 2022

Les rebelles du M23 se disent prêts à se retirer des territoires de la région, conformément aux résolutions adoptées lors d'un sommet tenu en novembre à Luanda.

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Kongo 2012 - Soldaten der M23-Rebellenbewegung
Image : Imago/Kyodo News

Le M23, qui a pris des pans entiers de territoire à Rutshuru et Nyiragongo ces derniers mois, a également demandé à rencontrer la Force régionale d'Afrique de l'Est ainsi que les médiateurs du processus de paix mené par les dirigeants régionaux. 

Le gouvernement congolais s'est refusé de commenter cette annonce du M23. Son porte-parole, Patrick Muyaya, dit attendre des actions concrètes sur le terrain. Pour Jason Stearns, coordonnateur du Groupe d'études sur le Congo, l'annonce du retrait du M23 pourrait être le fruit de la pression diplomatique. 

‘'Ce qu'il faut conclure c'est que ça vient juste après la pression des Etats-Unis envers le Rwanda, on ne connait pas exactement le contenu de cette pression mais au moins, au niveau diplomatique, il y a une pression des Etats-Unis. Est-ce que c'est à cause de cela que le M23 a annoncé une retraite, est ce que le M23 va se retirer ou est-ce juste une tactique diplomatique ? Nous ne savons pas encore.'' a précisé Stearns.

Les attentes de la population

Cette déclaration du M23 intervient le jour où les négociations de paix se sont achevées dans la capitale kenyane, Nairobi. Plus de 200 représentants des groupes armés et de la société civile étaient réunis pour tenter de ramener la paix dans l'est de la RDC.

Mais dans les provinces concernées, tout le monde attend de voir comment se déroulera l'application sur le terrain. Le député Singoma Mwanza est président du Caucus des députés du Nord-Kivu.

‘' Ce que nous espérons de ces groupes armés est que cette fois-ci ce soit sincère, que cet appel à déposer les armes soit sincère, que ce ne soit pas une manœuvre que, oui, nous déposons les armes parce qu'il y a une pression diplomatique et que demain, il se recrée d'autres groupes armés. Cette situation dure depuis plusieurs décennies, nous espérons simplement qu'il n'y aura pas d'autres groupes armés.‘' a dit Singoma.

''Il y a du temps perdu''

Les habitants du territoire de Rutshuru se sont enfuis par dizaines de milliers depuis fin octobre.
Les habitants du territoire de Rutshuru se sont enfuis par dizaines de milliers depuis fin octobre.Image : Getty Images/AFP/P. Moore

A Nairobi, les délégués ont convenu du désarmement et d'un programme de stabilisation pour les anciens rebelles. Le PDDRCS, le Programme de désarmement, démobilisation et réinsertion, doit aussi être mis en place. Jean-Bosco Lalo, président du Conseil de l'apostolat des laïcs catholiques du Congo, craint que le processus de Nairobi soit une perte du temps. 

‘'Pour nous c'est la suite du théâtre qui a déjà trop perduré, on ne peut pas aller d'accord en accord, il y a du temps perdu, il y a des gens qui meurent, il y a des catastrophes humanitaires dans l'Est. Nous ne pourrons croire à la bonne fois de tous ces acteurs, qui ont signé l'acte d'engagement, que lorsqu'ils le mettront en application.'' espère-t-il.

Du déjà vu ?

La rébellion du M23, qui mène une offensive dans l'est du pays et que Kinshasa qualifie de mouvement "terroriste", n'a pas participé à ces discussions de Nairobi. Jason Stearns doute de la mise en œuvre du processus de Nairobi sans l’implication du M23.

‘'L'impression que nous avons plutôt c'est que la présence des autres groupes armés à Nairobi c'était plutôt diluer au début l'influence du M23 et pas pour avoir un processus politique sincère avec les autres groupes armés dans l'est du Congo ‘' explique-t-il.

La récente offensive du M23 alimente les tensions diplomatiques entre la RDC et le Rwanda, tous deux membres de la Communauté des Etats de l'Afrique centrale. Kinshasa accuse le Rwanda d'apporter un soutien au M23 mais Kigali conteste, accusant en retour Kinshasa de collusion avec les FDLR, une autre rébellion présente sur le territoire congolais.