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Niger : s'exprimer oui mais...

Carole Assignon | Gazali Abdou Tasawa
2 février 2024

Dans un contexte où la démocratie est suspendue par un coup d'Etat militaire, peut-on tout dire ?

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Les rue de Niamey
Au Niger comme ailleurs, la question de la liberté d'expression se poseImage : REUTERS

La liberté d'expression. Il s'agit d'un droit fondamental, garanti par La Déclaration universelle des droits de l'Homme et du citoyen. Dans les sociétés démocratiques, la liberté d'expression est aussi un droit fondamental garanti par l'Etat et elle va de pair avec la liberté de la presse.

Mais dans le cas du Niger, dirigé par des militaires depuis le putsch de juillet 2023, l'expression des opinions critiques est parfois réprimée.

Des réactions diverses

Dans les rues de Niamey, à la question de savoir s'il est dangereux de toujours dire ce que l'on pense, les avis sont divers et aussi prudents.

"Nous savons tous que la liberté d'expression aussi est régie par des lois. Ça veut dire que vous pouvez parler. Vous pouvez également donner votre avis, votre opinion par rapport à une situation qui se passe dans votre pays. Mais la critique doit être bonne. C'est-à-dire qu'on ne peut pas utiliser la liberté d'expression pour nuire", estime un habitant de la capitale nigerienne.

Pour un autre "la liberté d'expression est vraiment relative. On ne peut pas dire n'importe quoi. Par exemple, si vous prenez les cas d'attaque terroriste, vous voyez souvent sur les réseaux sociaux des gens publier les corps de nos soldats, de la propagande des terroristes, c'est pas bon."

"Si aujourd'hui le fait que je parle peut être synonyme de mon emprisonnement, la liberté d'expression serait pour moi dangereuse" réagit un autre citoyen nigerien pour qui "la liberté d'expression ne doit pas aller dans un sens unique. La liberté d'expression doit être accordée à chacun. Ceux qui sont en train de parler, même s'ils critiquent, ils peuvent proposer des orientations qui vont permettre le développement de la nation."

"Si on ne nous permet pas de nous exprimer librement, est ce que ça ne nous renvoie pas aux temps anciens ? Cela nous renvoie dans un régime dictatorial qui restreint cette liberté" pense, pour sa part, une jeune Nigerienne.

Des minfestants brandissent la photo du Général Abdourahamane Tiani
Le Niger est dirigé depuis juillet par des militaires qui ont pris le pouvoir par la forceImage : AFP/Getty Images

Connaitre les textes pour éviter les mauvaises surprises

Maman Jaharou, expert en communication met l'accent sur la connaissance des textes pour éviter de tomber dans certaines situations qui pourraient exposer les citoyens à d'éventuelles représailles.

"Par rapport aux textes en vigueur qui encadrent la liberté d'expression, la méconnaissance de ces textes met les citoyens en danger. Lorsque la liberté d'expression vise à apprécier les politiques publiques, les actions des dirigeants, en principe, elle participe au débat citoyen, elle participe aux opinions des citoyens qui visent à améliorer une politique publique ou une action des autorités", précise l'expert.

Selon Maman Jaharou, le fait de laisser s'exprimer librement tant les simples citoyens que les acteurs de la société civile, ou encore les universitaires ou les hommes politiques, est un atout pour tout pays. Du moment toutefois, précise-t-il, que la prise de parole se fasse de manière constructive, en respectant les lois en vigueur.

DW Französisch Carole Assignon
Carole Assignon Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welledw_afrique