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EconomieMali

Mali : des mineurs au chômage crient leur ras-le-bol

Mahamadou Kane
21 février 2023

De nombreux mineurs sont en chômage après la suspension de tous les permis d’exploitation minière. Une suspension révélatrice de difficultés dans le secteur.

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Scène de rue à Bamako
Le secteur minier fait face à de nombreuses difficultés au MaliImage : Habibou Kouyate/AFP/Getty Images

La suspension fin novembre de tous les permis d’exploitation minière par la junte au pouvoir intervient dans une période de sous-emploi dans ce secteur. Le coût élevé de l’électricité a ainsi réduit la rentabilité de la mine de Sadiola. D’autres compagnies fonctionnent au ralenti, comme celle de Tabakoto, ou Morila SA, dont le propriétaire australien Firefinch a quitté le pays.

Le 2 novembre 2022, Firefinch, le principal actionnaire de la mine de Morila SA, située dans le sud du Mali, a annoncé son incapacité à poursuivre le financement de ses activités en raison de la baisse de performance.   

Du côté de la mine de Tabakoto, proche de la frontière avec le Sénégal, environ 700 employés sont au chômage technique depuis le 1er février.    

Des milliers de familles affectées

Ceux-ci, à l’image de Moussa Sangha, sont partagés entre la colère et l’incompréhension.   

Ecoutez le sujet de Mahamadou Kane, le correspondant à Bamako

"Nous supposons que tous ceux qui sont au chômage technique sont tous des chefs de famille. Et lorsque tu laisses des soutiens de famille pendant trois mois sans salaire, il est normal que la situation nous affecte", raconte Moussa Sangha à la DW.

Le mineur au chômage poursuit : "Ce qui nous choque le plus, c’est que nous n’avons pas été du tout avertis. Même si nous reconnaissons que dans la loi malienne, lorsqu’une entreprise est en difficultés, elle peut licencier ou mettre en chômage technique des travailleurs. Maintenant, nous attendons les consignes de nos responsables syndicalistes."   

Sollicité par la DW, Abdoulaye Kanté, secrétaire général du Syndicat libre des mines et industries du Mali, n’a pas donné suite.   

Trop de permis en circulation  

Djibril Diallo, président de l’Association pour la promotion et la valorisation des ressources minérales au Mali, explique que la suspension décidée par les autorités serait liée à un trop grand nombre de permis en circulation.

"Ces permis sont devenus des objets de spéculation. Les gens vont aller chercher des permis, ils ne travaillent pas sur les permis. Ils font des faux rapports, ils vont aller les déposer. Cela empêche d’autres personnes d’aller travailler", observe Djibril Diallo sur la DW.  

Un orpailleur dans la région de Kayes au Mali
Les mineurs attendent une reprise des activités dans le secteur Image : picture-alliance/Valeriy Melnikov/RIA Novosti

Le président d’association ajoute : "Aujourd’hui, il y a plus de 600 permis actifs. Avant, c’était plus de 1.000 permis qui avaient été attribués. Parmi ces permis, aucun Malien n’a pu développer ne serait-ce qu’une petite mine, hormis l’homme d’affaires Aliou Boubacar Diallo qui a après vendu sa mine à quelqu’un d’autre. Cela veut dire que les gens sont en train de prendre des permis pour faire de la spéculation. Ils gardent les permis dans les tiroirs, le jour où quelqu’un est intéressé par l’endroit, ils vont essayer de le céder à coup de milliards, alors qu’ils n’y ont investi qu’une cinquantaine de millions." 

En août 2022, les autorités de la transition ont par ailleurs créé la Société de recherche et d’exploitation des ressources minérales du Mali (Sorem-Mali Sa).

Le but de cette entreprise publique est d’offrir à l’Etat des capacités de recherche et d’exploitation afin de directement exploiter les ressources minières du pays, et donc d’accroître ses revenus.