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Le déclin de l'opposition camerounaise

Elisabeth Asen
21 mars 2024

Si l'opposition a connu ses heures de gloire au cours des années 1990, sa faiblesse actuelle aisse le champ libre à un pouvoir concentré entre les mains de Paul Biya.

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Aujourd'hui , le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) est la principale force de l'opposition qui a porté le candidat Maurice Kamto à l'élection de 2018
Aujourd'hui , le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) est la principale force de l'opposition qui a porté le candidat Maurice Kamto à l'élection de 2018Image : Getty Images/AFP/M. Longari

Elles sont bien lointaines, les années 90, quand l'opposition camerounaise s'était retrouvée en tête à l'Assemblée nationale avec 92 députés sur 180.

Les Camerounais s'en souviennent encore avec une certaine émotion. Bernard Tamto est diplômé en histoire. " A l'époque, le SDF se présentait comme le parti de l'extrême gauche. Il y avait d'autres partis de l'opposition, mais qui n'avaient pas la même vivacité et ne recevaient pas le même accueil auprès du public, parce que le public avait soif de changement. Ça n'a plus jamais été la même chose, le SDF s'étant un peu essoufflé. Le paysage politique n'a plus été le même'', estime Bernard Tamto. 

Le gouvernement camerounais a enjoint deux coalitions politiques d'opposition de suspendre leurs activités et leur attribue "un caractère illégal"
Le gouvernement camerounais a enjoint deux coalitions politiques d'opposition de suspendre leurs activités et leur attribue "un caractère illégal"Image : Blaise Eyong

Le Social democratic front, principal parti de l'opposition au Cameroun, a obtenu seulement sept sièges de sénateurs, sur les 70 en jeu, lors des dernières élections sénatoriales de mars 2018. La mort de son leader historique, John Fru Ndi, en juin 2023, et le recul du parti du fait de la crise anglophone, ont contribué à le fragiliser.

Il faut ajouter à cela l'absence du  Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) du jeu institutionnel ces cinq dernières années.

''Au Cameroun, il n'y a pas d'opposants''

Quant à l'entrée remarquée du Parti camerounais pour la réconciliation nationale du jeune Cabral Libii à l'Assemblée nationale, elle n'a pas réussi à créer un nouvel équilibre des forces. Le Rassemblement démocratique du peuple camerounais, le parti au pouvoir, continue d'étendre son influence sans être inquiété.

"Le Cameroun est un pays qui a, à sa tête, un parti, le RDPC, qui fait la course tout seul et se choisit lui-même ses propres adversaires. Les autres autour qui ne comprennent rien, travaillent à renforcer et crédibiliser le RDPC. Au Cameroun, il n'y a pas d'opposants. Il y a ceux qui jouent aux opposants et ceux qui se présentent comme des reposants”, explique Siméon Mvomo, analyste politique.

Quelles perspectives pour l'opposition ?

Aujourd'hui, le Cameroun assiste donc au déclin progressif de l'opposition. La naissance de quelques mouvements pourrait ne pas offrir une trop grande résistance au président Paul Biya, candidat sortant âgé de 91 ans, dont un peu plus de 41 années passées aux commandes du pays.

Le président camerounais ne montre d'ailleurs aucune volonté de passer le témoin, même si le nom de son fils ainé est très souvent évoqué comme potentiel successeur.