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Le Niger met fin à sa coopération militaire avec le Bénin

Georges Ibrahim Tounkara
13 septembre 2023

Les militaires putschistes accusent le Bénin de soutenir une intervention militaire contre le Niger et ont mis fin à cet accord signé en 2022.

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Le Général  Abdourahamane Tiani le 28 juillet sur Télé Sahel
Pour les militaires nigériens, pas question de coopérer avec un pays qui entend entrer en guerre avec le Niger Image : Télé Sahel/AFP

Dans le communiqué lu à la télévision nationale, le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie, le CNSP, accuse le gouvernement béninois d’envisager une agression contre le Niger

"La République du Bénin a autorisé le stationnement de militaires, mercenaires et matériels de guerre dans la perspective d’une agression voulue par la France, en collaboration avec certains pays de la Cédéao contre notre pays, malgré l’accord de coopération militaire du 11 juillet 2022 liant nos deux Etats", dit le communiqué du CNSP.

Des soldats du Burkina Faso en patrouille dans le nord du pays
La coopération sous-régionale est indispensable dans la lutte contre le terrorisme selon les expertsImage : LUC GNAGO/Reuters

Echanges de renseignements

L’accord signé en juillet 2022 visait surtout l’échange de renseignements et l’assistance aérienne pour suivre les mouvements des djihadistes.

Il prévoyait aussi des opérations conjointes entre les armées des deux pays.

Sa suspension ne fera que renforcer les mouvements djihadistes, selon l’analyste Fahiraman Rodrigue Koné, chef du projet Sahel de l'Institut d'études de sécurités (ISS).

"Actuellement, quand on regarde la tendance du terrorisme, du djihadisme dans la région, on se rend clairement compte qu’ils se jouent des déficits de coopération, ils jouent sur le vide sécuritaire au niveau des frontières. Malheureusement, nous assistons à une panne de la coopération régionale, ce qui n’est pas fait pour maximiser les stratégies de lutte. Qu’elles soient menées au niveau national, elles ne peuvent être efficaces que si elles sont coordonnées, si elles sont conjointement menées avec l’ensemble des acteurs de la région."

La coopération devrait être un enjeu majeur au-délà des divergences", Rodrigue Koné ( Chercheur)

Droit de poursuite au-délà des frontières

Le Bénin, confronté depuis fin 2021 aux attaques djihadistes dans le nord du pays, entendait à travers cette coopération, bénéficier de l’expérience de son voisin nigérien.

"Ça fait dix ans que le Niger fait face à ce terrorisme, ça fait dix ans que le Niger, progressivement, s'est relevé et a dominé la situation, donc le Bénin est venu tirer profit de ces expériences", déclarait à l’époque le ministre béninois de la Défense, Alain Fortunet Nouatin.

Réunion des Chefs d'Etat majors de la Cédéao à Accra le 18 août 2023
La Cédéao prépare une intervention militaire contre les militaires nigériensImage : Francis Kokoroko/REUTERS

Grâce à cet accord de coopération, le pays pouvait traquer les combattants djihadistes jusque sur le sol nigérien.

"Il y a bien évidemment ce droit de poursuite qui devait être certainement encadré, conformément à cet accord militaire. Les nouveaux dirigeants du Niger semblent dans une situation de crainte que ce qu’ils appellent une agression de leur pays par la Cédéao parte du Bénin. Cela voudrait dire que même s’il y a une situation où le droit de poursuite est exercé, les militaires nigériens pourraient penser qu’il s’agit d’un subterfuge pour porter atteinte à leur pouvoir", estime Wilfried Ahouanssou, spécialiste du Sahel.

Les armées des deux pays coopéraient également dans la surveillance du Parc animalier du W, réparti entre le Bénin, le Burkina Faso et le Niger et considéré comme un repaire de djihadistes et de trafiquants.

L’accord de coopération militaire conclu le 11 juillet 2022 à Niamey n’a donc pas survécu au coup d’Etat qui a renversé le président Mohamed Bazoum. 

Les autorités de Niamey précisent qu’elles vont adresser une correspondance diplomatique à la partie béninoise, conformément à la procédure en la matière.

Le gouvernement béninois n’a pour l’instant pas réagi.

Georges Ibrahim Tounkara Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welle