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Liberté de la presseGuinée

Guinée : la junte obtient le retrait de Djoma TV sur Canal+

Bob Barry | Abdoulaye Sadio Diallo
8 décembre 2023

La suspension des émissions de Djoma TV fait suite à la demande de la Haute autorité de la communication, l'organe de régulation des médias guinéens.

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Le colonel Mamadi Doumbouya, chef de la junte guinéenne
Les associations de presse en Guinée se préparent à une série d'actions pour faire entendre leur mécontentementImage : Sunday Alamba/AP/picture-alliance

C'est en pleine diffusion de l'émission "On refait le monde", un des débats politiques les plus suivis et les plus critiques, souvent à l'égard des militaires au pouvoir, que le signal de Djoma TV a été subitement coupé. 

Un fait inattendu mais pas très surprenant, car il fait suite au brouillage, il y a quelques jours, de la fréquence de la version radio de Djoma TV, qui était déjà dans le viseur des militaires au pouvoir à Conakry. C'est le président de la Haute autorité de la communication qui a demandé par ailleurs à Canal+ International de retirer Djoma TV de son bouquet, officiellement pour des raisons de sécurité.  

Le direct sur internet n’est lui aussi plus accessible. Une décision inacceptable, affirme Kalil Oularé, directeur général du groupe Djoma Media. 

"On a un agrément qui est à jour. Une licence qui est à jour, on est à jour pour le paiement auprès de l'ARPT (Autorité de régulation des postes et télécommunications, ndlr), on n'a aucun problème. Donc, pour nous, il n'y a aucun problème", insiste Kalil Oularé, Directeur général du groupe Djoma Media. 

"Les autorités guinéennes auraient instruit Canal+ International de couper les émissions de Djoma télé "

Aucune notification préalable

Comme avec le brouillage de la fréquence de sa radio, le groupe Djoma Media n'a reçu aucune notification préalable pour le retrait de ses émissions télévisées. Kalil Oularé a dû faire plusieurs recherches avant de trouver l’origine.

"Finalement, on a pu avoir l'information que les autorités guinéennes auraient instruit Canal+ International de couper les émissions de Djoma télé et radio sur le bouquet Canal+", fait savoir M. Oularé à DW.

Le retrait des émissions de Djoma pénalise les auditeurs et téléspectateurs, car c'est un média qui retransmet en continu et en intégralité les audiences du procès en cours sur le massacre du 28 septembre 2009. 

Mamadou Hady Baldé, qui suit régulièrement ce procès, est donc forcément déçu, mais pas surpris car, depuis une semaine, les autorités guinéennes avaient brouillé certaines radios et réduit l'accès à internet dans le pays.

"Je ne suis pas surpris dans la mesure où il y a plus d'une semaine, explique-t-il. Il y a certaines radios dont les fréquences ont été brouillées - la radio Djoma en faisait partie. Que les émissions de la télévision soient retirées du bouquet Canal+, cela ne me surprend nullement."

Réaction dans la diaspora

 Masaran Djémory Kouyaté, de la diaspora guinéenne
Masaran Djémory Kouyaté dirige le Haut conseil des guinéens établis à l'étranger. Image : Masaran/DW

Pour Masaran Djémory Kouyaté, président du Haut Conseil des Guinéens établis à l'étranger, le retrait des émissions de Djoma TV va priver les Guinéens de la diaspora des informations sur leur pays, alors que ceux-ci s'intéressent particulièrement à la conduite de la transition et au déroulement du procès du massacre du 28 septembre. 

"Depuis que la transition a démarré, les Guinéens de l'extérieur s'intéressent énormément à ce qui se passe en Guinée, d'autant plus que la situation sociopolitique est assez en ballotage avec le procès du 28 septembre et tous les rebondissements que nous connaissons. La censure de cette télévision guinéenne, même si elle est privée, est un coup dur pour la communauté qui la ressent de plein fouet", regrette M. Kouyaté joint par la DW.

Depuis plusieurs semaines, les associations de presse se préparent à une série d'actions, dont un sit-in devant la Haute autorité de la communication, une marche pacifique et le boycott des activités du gouvernement de transition, qu'elles accusent de museler la presse privée et toute voix discordante relayée par les médias. 

Bob Barry Journaliste, présentateur et reporter au programme francophone de la Deutsche Welle@papegent