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Guerre en Ukraine : la Libye au second plan

Reliou Koubakin
17 mai 2022

Des affrontements ont opposé à Tripoli des milices rivales. Les violences ont conduit à une réaction de l'occident, plutôt rare ces derniers temps, qui appelle au calme.

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La Libye a deux gouvernements depuis quelques mois, l’un dirigé par Fathi Bachagha (à gauche) et l’autre par Abdelhamid Dbeibah (à droite)
La Libye a deux gouvernements depuis quelques mois, l’un dirigé par Fathi Bachagha (à gauche) et l’autre par Abdelhamid Dbeibah (à droite)

Le chef du gouvernement libyen désigné par le Parlement siégeant dans l'Est, Fathi Bachagha, a dû quitter la capitale Tripoli ce mardi (17.05) matin. Il avait tenté de déloger l'exécutif en place, dirigé par Abdelhamid Dbeibah.

Les affrontements entre milices rivales ont débuté dans la nuit de lundi à mardi après l’arrivée à Tripoli du Premier ministre désigné par le Parlement siégeant dans l'Est, Fathi Bachagha, accompagné de plusieurs ministres de son équipe.

Fathi Bachagha a expliqué avoir finalement décidé de quitter Tripoli pour préserver la sécurité des habitants.

Mauvaise appréciation par Fathi Bachagha

Claudia Gazzini, de l’International Crisis Group, estime au micro de la DW, qu’il s’agit d’une mauvaise appréciation de la situation. Et selon Jalel Harchaoui, chercheur et spécialiste de la Libye, le système de soutien à son rival a fonctionné : "Les loyautés se sont révélées être solides, explique-t-il. Et ce qui s’est avéré être fragile, c’est surtout ce Premier ministre [Fathi Bachagha] qui pensait pouvoir s’imposer. Et donc, au bout de quelques heures de violence armée, il a pris la décision de se rendre et d’accepter de sortir", affirme sur la DW Jalel Harchaoui.  

(Re)lire aussi → La Conférence sur la Libye appelle à des élections libres et crédibles

Les Etats-Unis se sont dit préoccupés. Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a lui évoqué une situation "devenue très grave ces dernières heures".

Des militants d'ONG locales se rassemblent en 2021 pour une manifestation contre le report éventuel des élections prévues le 24 décembre (15.12.21)
Des militants d'ONG locales se rassemblent en 2021 pour une manifestation contre le report éventuel des élections prévues le 24 décembre (15.12.21)Image : Hazem Turkia/AA/picture alliance

L'Ukraine avant tout ?

Des déclarations plutôt rares ces derniers temps alors que la communauté internationale semble avoir les yeux rivés sur l’Ukraine.

Jalel Harchaoui se désole d’ailleurs du désintérêt pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord depuis l’invasion de l’Ukraine. Il rappelle pourtant l’intérêt énergétique de la Libye :

"Le pétrole et le gaz libyens sont beaucoup plus importants sur le plan stratégique pour les Européens aujourd’hui qu’avant le 24 février. Les Américains s’intéressent plus à la Libye aujourd’hui qu’avant le 24 février." 

(Re)lire aussi →L'impasse politique en Libye partie pour se prolonger 

Une crise qui s’intensifie

Claudia Gazzini de l’ICG explique aussi que l’invasion de l’Ukraine a retiré la Libye de la scène médiatique. Selon l’experte, "La crise libyenne a été peu couverte par la presse. La crise s’est pourtant intensifiée ces deux derniers mois sans que sa fin ne soit visible".   

Stephanie Williams, conseillère spéciale de l'Onu pour la Libye
Stephanie Williams, conseillère spéciale de l'Onu pour la LibyeImage : Martial Trezzini/KEYSTONE/picture alliance

Le conflit en Ukraine bloque aussi la nomination de l’envoyé spécial des Nations unies pour la Libye, observe Jalel Harchaoui. 

L’actuelle conseillère spéciale, Stephanie Williams, qui a un rôle beaucoup plus faible et moins légitime, pour Jalel Harchaoui, a appelé sur Twitter à la "retenue", en insistant "sur la nécessité absolue de s'abstenir de toute action provocatrice".

La Libye est plongée dans une crise politique, notamment depuis le report sine die de l’élection présidentielle qui devait se tenir en décembre dernier.