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En RDC, un déguerpissement contesté à Busanga

6 octobre 2020

Les communautés situées sur le site de la centrale hydroélectrique de Busanga s'opposent à leur déguerpissement. C'est la troisième plus importante centrale de RDC.

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Une famille de déplacés congolais à Goma dans l'Est de la RDC (Archives - 15.07.2013)
L'opération de déguerpissement à Busanga a provoqué une autre crise humanitaire Image : Getty Images/AFP/P. Moore

La centrale hydroéléctrique de Busanga est la troisième plus importante de République démocratique du Congo (RDC) après celle d'Inga I et II. Située dans la province du Lualaba, elle est censée booster la production de cobalt de la SICOMINES.

Depuis plus d'un an, les communautés des villages de Kamalenge, 48h et Monga Luboza, situés près de la centrale contestent la procédure de leur délocalisation qui les touche. Elles critiquent surtout le montant de l'indemnisation. Les communautés refusent de partir. Alors les autorités provinciales ont lancé une opération de déguerpissement. 

Une opération critiquée

Plusieurs familles ont été déguerpies du site de Busanga. D'après un des membres actif du comité des déguerpis, les familles ont à peine eu le temps de s'enfuir quand les gros engins sont arrivés pour démolir leurs habitations.

"Il y a eu 18 jeeps qui sont arrivés au village, il y avait des soldats et des policiers. Et il y avait deux gros camions et deux gros engins. Ici il ne reste plus aucune habitation. Les gens dorment dans la rue. Le ministre de l'intérieur et des généraux sont aussi venus. Nous sommes recherchés, si les autorités nous trouvent, ils nous arrêtent pour nous enfermer dans la prison de Dilala. Ils ont déjà arrêtés deux de nos camarades", témoigne un habitant qui préfère s'exprimer sous le couvert de l'anonymat. Il reconnaît avoir été indemnisé de quelques centaines de dollars, mais pour lui, cette somme est loin d'être suffisante pour reconstruire sa vie et celle de sa famille.

Lire aussi → RDC : les inquiétudes des riverains d'Inga III

Les familles déguerpies vivent désormais sans abri. Leurs lendemains sont devenus incertains.

 

Et pourtant le ministre provincial de l'Énergie, Patrick Kakwata, assure que les mesures d'accompagnement existent et sont d'application.

"Tout a été respecté en ce qui concerne l'indemnisation, on a respecté les règles et la loi en terme de délocalisation. Ils seront suivis parce que nous savons que nous les avons sortis d'un habitat où ils étaient depuis plusieurs années, ils seront suivis de sorte que nous puissions nous rendre compte qu'ils sont intégrés", assure Patrick Kakwata.

Absence d'une solution pacifique

Depuis début septembre, un groupe d'ONGs a demandé aux institutions de la RDC une résolution pacifique du conflit en proposant une feuille de route qui semble ne pas avoir été mise en oeuvre jusque là.

Maître Donat Kambola fait partie de ceux qui ont travaillé sur la résolution du conflit. Pour lui, "la société civile intervenant dans le dossier a présenté il y a déjà un mois une feuille de route au ministre provincial de l'intérieur qui proposait des pistes de solution notamment la création d'un cadre de dialogue avec les populations. Nous sommes surpris que le ministre ait opté pour la terreur et le forcing alors qu'il n'y a aucune condamnation de la justice, ni une décision administrative qui puisse justifier une telle attitude".

DW-Redaktion Afrika-Französisch
Wendy Bashi Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welle@WenBash