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En Inde débute le plus grand marathon électoral au monde

Marco Wolter | Avec agences
19 avril 2024

Les élections générales ont débuté en Inde et vont se dérouler sur six semaines. Le Premier ministre sortant, Narendra Modi, vise un troisième mandat.

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Une personne montre l'encre sur son doigt, prouvant qu'elle a voté
Les bulletins de vote de tout le pays seront dépouillés le 4 juin. Les résultats sont généralement annoncés le même jour.Image : DIBYANGSHU SARKAR/AFP/Getty Images

Vu de l’extérieur, les élections générales en Inde sont des élections de la démesure. Près de 970 millions de personnes sont appelées à voter. Soit plus que la population totale des Etats-Unis, de l'Union européenne et de la Russie réunie.  
Sept phases de vote sont nécessaires.

15 millions d’agents sont sur le pont, pour affronter le défi logistique, acheminer le matériel électoral, dans un pays à la géographie hors norme. Il faut apporter des isoloirs jusqu’aux sommets des montagnes et au fin fond du désert, alors que la loi prévoit qu’un électeur doit pouvoir trouver un bureau de vote à pas plus de deux kilomètres de son domicile.

Du coup, on vote pendant six semaines, jusqu'au 1er juin.  Le tout pour désigner les 543 députés à la Lok Sabha, c’est le nom de la chambre basse du Parlement, qui déterminera le prochain Premier ministre. 

Une femme passe devant une affiche de Narendra Modi
Narendra Modi, âgé de 73 ans, est encore très populaire après deux mandatsImage : NIHARIKA KULKARNI/AFP/Getty Images

Le parti de Modi vise un raz-de-marée 

Et ce prochain chef du gouvernement a toutes les chances d’être le Premier ministre actuel, Narendra Modi. Car même dans la plus grande démocratie du monde, le résultat semble connu d’avance. 

Narendra Modi vise son troisième mandat et il espère même un raz-de-marée. Son parti, le BJP, le Parti du peuple indien, et ses alliés, veulent décrocher la majorité des deux tiers à la Lok Sabha, un rapport de force suffisant pour pouvoir changer la Constitution. Leur slogan est simple : “plus de 400 sièges”. 

En face, concourt une coalition de partis d’opposition sous l’acronyme INDIA, pour Alliance nationale indienne inclusive pour le développement. Elle est menée par le principal parti d’opposition, le Congrès. Sauf que celui-ci se présente très affaibli, avec des comptes bancaires gelés par le fisc indien. 

Le chef du parti, Rahul Gandhi, descendant d’une famille plusieurs fois arrivée au pouvoir en Inde, estime ne pas avoir d’argent pour faire campagne.  

Des électeurs font la file à Uttar Pradesh
Le Congrès a formé une alliance avec plus d'une vingtaine de partis régionaux pour affronter le BJP.Image : Anushree Fadnavis/REUTERS

Arrestations d’opposants 

Dans le même temps, de nombreux opposants ont été arrêtés pour des affaires de corruption. Selon une enquête de The Wire, ils ont retrouvé la liberté après avoir accepté de rejoindre le parti de Modi. Et puis, surtout, le ministre en chef de la capitale Delhi et l’un des leaders de la coalition INDIA est lui toujours en détention, transféré dans une prison de haute-sécurité. 

Enfin, le Premier ministre sortant peut compter sur une partie des médias acquis à sa cause et un soutien très fort au sein de la population. D’après le Pew Research Center américain, Narendra Modi profitait l’an dernier de 80% d’opinions favorables. 

Pas sûr que le récent scandale de malversation au sein de la classe politique, et qui a avant tout profité au parti BJP, ne change la donne. 

Un homme sort d'un bureau de vote
La coalition d'opposition accuse le gouvernement d'instrumentaliser la justice pour neutraliser certains dirigeants de l'oppositionImage : ARUN SANKAR/AFP/Getty Images

Discrimination de la minorité musulmane 

Narendra Modi et son parti nationaliste hindou peuvent compter sur l’électorat hindou, la religion majoritaire. L’opposant Rahul Gandhi, le leader du Congrès, dénonce d’ailleurs une discrimination dangereuse à l’égard des minorités religieuses, en premier lieu desquelles on trouve les musulmans, soit plus de 200 millions de fidèles. 

Ce positionnement du chef de l’Etat, passe par exemple par l’inauguration cette année d’un temple hindou sur le site d’une mosquée détruite par des fanatiques hindous, le tout accompagné par de grandes célébrations dans tout le pays. 

Et une loi, qui avait provoqué des manifestations meurtrières, est entrée en vigueur pour exclure les réfugiés musulmans de l’accès à la citoyenneté indienne, tout en accélérant les naturalisations pour d’autres confessions. 

Symbolbild I Journalismus
Marco Wolter Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welledw_francais