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RDC : une milice du Sud-Kivu veut libérer le Nord-Kivu

Wendy Bashi
15 février 2023

Dans une vidéo, amplement partagée sur les réseaux sociaux, des motards qui se disent appartenir au groupe rebelle Maï Maï Yakutumba affirment vouloir se rendre au Nord-Kivu pour libérer le pays.

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Milice Mai Mai en RDC (photo d'illustration)
Les Mai Mai Yakutumba veulent prêter main forte à la lutte pour la libération du Nord Kivu. (Photo d'illustration)Image : Dai Kurokawa/dpa/picture alliance

"Jeshi la CNPSC kwenda Nord Kivu", ce qui veut dire en swahili :  "les militaires du CNPSC en route vers le Nord-Kivu.

Pendant une quinzaine de secondes, sur cette vidéo relayée durant le week-end, on peut voir des jeunes à moto sur ce qui semble être un terrain vague en pleine brousse. La voix off explique que ces soldats de la Coalition nationale du peuple pour la souveraineté du Congo (CNPSC), de William Amuri Yakutumba ,sont prêts à partir pour le Nord-Kivuafin d'aller "libérer le pays".

Une voix commente en swahili en précisant que des centaines de personnes appartenant au CNPSC vont en faire de même.

"L’armée les a stoppés au niveau même de Fizi" (Théophile Kaluwe)

Nous avons posé la question au ministre provincial de l’Intérieur du Sud-Kivu. Pour Théophile Kaluwe, ces Maï Maï Yakutumba auraient été arrêtés en chemin par les FARDC. Ils n’auraient donc pas quitté le Sud-Kivu.

"Les informations en notre possession font état de mouvements de Maï Maï Yakutumba en provenance du territoire de Fizi, dans le sud de la province du Sud-Kivu, qui voulaient se rendre au Nord-Kivu mais l’armée les a stoppés au niveau même de Fizi. Et jusque-là, il n’y a rien à signaler dans ce sens", explique le ministre provincial à la DW.

Oui pour aider l’armée, mais pas à n’importe quel prix 

Pour Théophile Kiluwe, la question n’a pas lieu d’être posée. Peu importe le contexte, ces  rebelles doivent rester où ils sont, en attendant de rejoindre le processus de démobilisation et désarmement, désigné par le sigle quelque peu technique de DDR-CS.

Edgar Mateso est vice-président de la société civile du Nord-Kivu et il estime qu’à ce jour, la province est asphyxiée par les rébellions et les accords mal négociés.

 

"Le Nord-Kivu a besoin d’une main forte qui puisse venir appuyer l’armée mais il y a des préalables", tempère toutefois Edgard Mateso.

"Les Maï Maï qui sont en train de venir du Sud-Kivu, nous ne connaissons par leurs intentions, nous ne savons pas qui les appuie. Le gouvernement doit être prudent. S’il faut recourir à des forces qui jadis ont été qualifiées de forces négatives par le gouvernement et que ce soit ces mêmes forces qui viennent en libérateurs, le gouvernement sera tombé dans son propre piège. Il est vrai que nous avons la voie militaire qui semble avoir échoué à cause de la mauvaise gestion de l’armée suite aux différentes infiltrations dont elle fait l’objet. Cependant, nous avons la voie diplomatique qui peut conduire à un résultat si vraiment on y travaille d’arrache-pied."

Sanctionnés par l’Union Européenne

Edgar Mateso estime aussi qu’il est possible de libérer les territoires conquis par le M23, mais à condition de procéder au nettoyage de l'armée.

Pour rappel, le nom de William Yakutumba Amuri, commandant de la Coalition de milices Maï-Maï CNPSC, figure sur la liste des personnes sanctionnées par l’Union européenne.

Sur cette même liste, on retrouve Willy Ngoma, porte-parole du Mouvement du 23 Mars (M23/ARC) ou encore Meddie Nkalubo des Forces démocratiques alliées (ADF), un autre mouvement rebelle actif dans la région de Beni, dans le Nord-Kivu.