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Chine-RDC : un mariage plus harmonieux que le précédent?

Wendy Bashi
30 mai 2023

Le président Félix Tshisekedi s’est rendu en Chine du 26 au 29 mai. Cette visite officielle survenait dans un contexte de renégociation, en faveur de la RDC, de contrats miniers jugés trop favorables à Pékin.

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Visite officielle de Félix Tshisekedi en Chine (Photo du 26 mai 2023)
A propos du partenariat sino-congolais signé en 2008, Félix Tshisekedi estime qu'il nétait ni profitable à la RDC ni à la Chine Image : Thomas Peter/AP/picture alliance

La Chine est un investisseur majeur en RDC, où la puissance asiatique domine la lucrative industrie minière.

Félix Tshisekedis'est engagé publiquement à renégocier les contrats miniers congolais, notamment celui signé en 2008 avec la Chine par son prédécesseur, Joseph Kabila (président de 2001 à 2019, ndlr), afin d'obtenir de meilleures conditions pour son pays.

Emmanuel Umpula, directeur exécutif de Afrewatch, l’Observatoire africain des ressources naturelles, et membre de la coalition "Le Congo n’est pas à vendre", rappelle que plusieurs rapports ont été publiés sur cette convention, signée il y a 15 ans entre la Chine et la RDC.

Ceux-ci ont montré que ce sont les entreprises chinoises qui ont le plus tiré profit de cet accord et non pas la RDC.

Or, le contexte mondial est désormais plus favorable à la RDC avec une demande croissante sur le cobalt et les minerais stratégiques. Mais selon Emmanuel Umpula, tout va dépendre de la manière dont la RDC va se préparer dans cette renégociation.

" La convention, signée en 2007, donne l'impression dans sa mise en œuvre qu’elle a beaucoup plus profité aux individus et à la partie chinoise plutôt qu’à la RDC. Nous savions que l’un des points que le président Tshisekedi amenait avec lui en Chine, c’était la renégociation de la convention mais malheureusement, nous n’avons pas eu d’écho sur la suite qui a été donnée à ce point le plus important, celui de la renégociation de la convention sino-congolaise", précise Emmanuel Umpula à la Deutsche Welle.

Quid de la coopération militaire ?

La République démocratique du Congo et la Chine ont également convenu de renforcer les échanges et la coopération dans les domaines de la sécurité et d’intensifier les échanges entre les deux armées.

Christian-Geraud Neema, éditeur francophone du China Global South Project, rappelle que la Chine entretient des relations étroites avec plusieurs armées sur le continent africain, dont l’armée congolaise.

"Malheureusement, nous n’avons pas eu d’écho sur la suite qui a été donnée à la convention sino-congolaise" (Emmanuel Umpula)

Des officiers congolais sont formés dans les académies militaires chinoises depuis plusieurs années. En termes d’équipement militaire, l’armée congolaise a déjà eu à s’approvisionner auprès de l’armée chinoise en armes légères.

"Il faut que les deux ministres de la Défense travaillent ensemble sur ce plan et les approches qu’il faudra mettre en place, estime Christian-Geraud Neema. Est-ce qu’on doit anticiper qu’il y ait une fourniture d’équipements militaires ? Il serait trop tôt de le dire pour le moment. Mais on sait qu’il y a déjà des entreprises chinoises qui ont manifesté l’intérêt de pouvoir vendre des équipements militaires à la RDC. Et donc il ne serait pas surprenant de voir dans les mois et les années à venir qu’il y ait beaucoup plus d’équipements chinois dans l’armée congolaise, comme on en voit déjà en Ethiopie par exemple."

Luttes d’influence des puissances occidentales

Félix Tshisekedi est le dernier d'une série de dirigeants africains à se rendre en Chine ces dernières semaines, après les visites de la Sierra Leone, de l'Erythrée, de l'Ethiopie et du Gabon.

Le continent africain se trouve au cœur d'une lutte d'influence entre les grandes puissances : la Chine, la Russie et les Etats-Unis ont tous dépêché leurs chefs de la diplomatie dans la région pour des offensives diplomatiques rivales cette année.