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En Casamance, élèves et professeurs sous le choc

19 juin 2023

Début juin, après la condamnation d'Ousmane Sonko, des manifestants s'en sont pris à plusieurs écoles de Ziguinchor. Même l'historique lycée Djignabo n'a pas été épargné.

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Rue à Ziguinchor
Début juin, des émeutes ont eu lieu à Ziguinchor, fief de l'opposant SonkoImage : Louis Denga/Photoshot/picture alliance

Les dernières émeutes qui ont eu lieu, au début de ce mois de juin au Sénégal, suite à la condamnation d'Ousmane Sonko, le chef de file de l'opposition à deux ans de prison ferme pour corruption de la jeunesse, ont mis le système éducatif à terre en Casamance, au sud du pays. De nombreuses écoles y ont été dévastées par des manifestants en furie qui ont saccagé et brûlé tout ce qu'ils ont trouvé sur le passage.

Un climat de consternation prévaut au lycée Djignabo de Ziguinchor. Et pour cause ! Cet établissement historique, qui a formé des milliers de cadres casamançais, a été la cible de casseurs lors des violentes manifestations qui ont secoué récemment le Sénégal.

Les documents administratifs, le matériel des bureaux, la salle d'informatique et l'infirmerie ont été saccagés par les assaillants. C'est la mémoire de l'établissement qui a été détruite, affirme Demba Faty, le responsable des examens et concours, qui est encore sous le choc.

''Des armoires neuves qu'on vient de recevoir cette année, ils ont cassé ces armoires. Après, ils sont entrés dans la salle des archives, c'est-à-dire des livrets, ils ont mis le feu dans cette salle. Les élèves ont besoin de ces livrets pour les examens du baccalauréat. Parce que pour faire le bac, il faut avoir un livret. Donc vraiment, ils nous ont fait trop de mal. Voyez vous-même quel est l'état de la salle. La mémoire de l'établissement a été endommagée''.

Des conséquences sur le long terme

''On peut manifester mais il ne faut pas toucher aux salles de classe" (Fatou)

Jacob Dasylva est professeur de lettres au sein de l'établissement. Il confie que, suite à la destruction de la salle d'informatique, les enseignants vont désormais avoir des problèmes pour préparer leurs cours.

''On avait une salle où on pouvait imprimer les documents et faire tout le travail nécessaire et on ne l'a plus, ça devient un sérieux problème. Ce qui fait qu'aujourd'hui, tout le travail qu'on faisait et qui nous permettait de gagner du temps ne se fait plus. Et donc nous sommes obligés d'aller plus doucement. C'est simplement une perte de temps radicale. On n'est pas sûr de pouvoir terminer les programmes. Les conditions de travail ne sont plus réunies''.

Incertitudes pour les examens

Fatou Binette Camara est une élève en classe de terminale. Elle est venue se renseigner sur la reprise des cours et ne cache pas son inquiétude. Elle se demande si les écoles, dont les salles de classe ont été dévastées, pourra accueillir des examens cette année.

''On peut manifester mais il ne faut pas toucher les salles de classe. Car sans les bâtiments, nous ne pouvons pas étudier normalement. Il y a des écoles complètement brûlées, on ne sait même pas où nous allons faire nos examens… Nous allons faire nos examens, peut-être que l'année prochaine nous allons passer à l'université. Mais nos petits frères et sœurs qui vont venir étudier au lycée, ils seront obligés d'attendre la reconstruction des salles de classe et ça ce sera un énorme retard''.

Au total, plus d'une dizaine d'écoles ont été saccagées et incendiées dans la région. L'université de Ziguinchor a, elle aussi, fait les frais de la colère des manifestants qui ont dévasté plusieurs services du campus social et la quasi-totalité des installations de l'UFR Santé.