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Au Bénin, un accueil des grands jours pour 26 trésors royaux

Rodrigue Guézodjè
11 novembre 2021

Après près d'un siècle et demi passé à l'étranger, les 26 œuvres restituées par la France sont arrivées ce mercredi à Cotonou. Un accueil des grands jours.

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Des milliers de Béninois se sont mobilisés pour suivre la caravane de l'aéroport de Cotonou vers la présidence de la République
Le Bénin demande aussi que la statue du roi Gou (dieu du fer) lui soit restituée par la FranceImage : Séraphin Zounyekpe

On s'attendait à un retour triomphal, mais c'est plus qu'un accueil de roi, celui que les Béninois ont offert à leurs trésors revenus au bercail. Cette journée de mercredi (10.11.2021) n'était pas fériée et pourtant Cotonou était en liesse pour célébrer cet événement.

Avant 15h, heure à laquelle le vol spécial qui transporte les biens atterrit sur le tarmac de l'aéroport international Bernadin Gantin, il n'y a presque plus de place sur l'avenue où doit s'ébranler le cortège devant conduire les trésors au premier point de chute.

La joie des Béninois est immense, tout le monde souhaite rendre hommage aux trésors. Divers groupes folkloriques et de musiques traditionnelles, représentant toutes les régions béninoises, rajoutent à la ferveur.

Des Béninois de tous horizons 

Angela Honga : "Un peuple sans culture ne va pas se développer"

Salifou Abdoulaye est venu de la partie septentrionale du pays, à la tête d'un grand groupe de cavaliers. Pour lui, "la célébration de la restitution des œuvres d'art c'est pour le Bénin entier. Ce n'est pas pour une localité donnée, ce n'est pas pour le nord ou le sud non, c'est pour tout le Bénin. Donc on est venu de Parakou et cet événement est une grande fête pour tout le monde".

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Le Bénin qui tente de sortir de tensions politiques graves a aussi trouvé l'occasion de se réunir, à travers les générations, autour de son histoire. "Cela va permettre à la génération actuelle et la génération future de savoir ce qu'est vraiment le Bénin, de découvrir le Bénin dans son entièreté. Parce que je pense que, un peuple sans culture ne va pas se développer" se réjouit Angela Honga, la vingtaine, convaincue et fière.

Beaucoup d'autres personnes tenaient à être témoins de l'événement et se montraient tout aussi fières que la jeune Angela. "Vraiment, vraiment ! C'est une joie pour moi de venir ici accueillir ce que nos ancêtres ont laissé à l'extérieur...", confie une autre Béninoise interrogée par la DW. 

Poursuivre le plaidoyer pour d'autres restitutions

Il y a ceux qui souhaitent que le processus de restitution se poursuive. Mais il y a également les sceptiques, ceux qui trouvent que ce geste de la France est trop beau pour être vrai.

Quelques jeunes Béninois estiment que ces œuvres sont falsifiées et envoyées par la France pour calmer les Africains. Mais Alain Godonou, directeur du programme Musées à l'Agence nationale de promotion des patrimoines et de développement du tourisme rassure. 

"C'est bien les originaux que nous avons. Nos conservateurs étaient là, les ont regardées. Nous avions nous même participé à la mise en exposition à Paris et deux conservateurs béninois étaient présents quand les objets ont été mis en caisse. Il y a ce qu'on appelle constat d'état qu'on fait avant de mettre les objets en caisse. Nous n'avons aucun doute, c'est les originaux que nous avons", insiste l'expert.

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Les trois camions transportant les pièces de musée, tous décorés aux images des trésors royaux, sont escortés par des centaines de membres des forces de l'ordre déployés pour l'occasion et accompagnés par les coups de klaxon des zémidjans (conducteurs de moto-taxi).

Ces camions prennent ensuite la direction du palais de la République où pas moins de trois cents invités du président Patrice Talon les attendent pour la cérémonie officielle de réception.

Il est prévu que les ces trésors royaux passent environ trois mois dans les locaux de la présidence de la République, le temps de leur acclimatation aux nouvelles conditions de climat et d'hygrométrie. Ils devraient être après, exposés au fort portugais de Ouidah durant quelques années, avant d'être transférés définitivement au musée de l'épopée des amazones et des rois du Dahomey à Abomey, leur destination finale.