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L’Allemagne veut faciliter la naturalisation d’étrangers

Reliou Koubakin | Avec agences
28 novembre 2022

Le délai d’attente passerait ainsi à cinq ans. Mais la réforme va devoir affronter de nombreuses oppositions, y compris au sein de la coalition au pouvoir.

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Le passeport allemand
Un habitant sur huit en Allemagne n’en détient pas la nationalité Image : Winfried Rothermel/picture alliance

La ministre de l’Intérieur, Nancy Faeser, a consigné dans un document de 39 pages les grandes lignes de la réforme de la naturalisation qui prévoit avant tout de réduire la durée avant d’obtenir la citoyenneté allemande.  

Jusqu’ici, tout étranger doit avoir résidé en Allemagne pendant huit ans avant de pouvoir réclamer l’obtention de la nationalité.  

Si la réforme passe, ce délai sera réduit à cinq ans, voire trois ans si le candidat est bien intégré, notamment grâce à ses bons résultats à l’école, dans son travail, ou encore à un engagement bénévole.  

Pour les personnes âgées de 67 ans et plus, le test formel de langue et le test de connaissances sur l'Allemagne devraient être supprimés. Berlin veut également faciliter la détention de la double nationalité.  

En outre, les enfants nés en Allemagne de parents étrangers deviendront Allemands si leur père ou leur mère réside légalement en République fédérale depuis au moins cinq ans, au lieu de huit ans auparavant. 

Au sein de la communauté turque, fortement représentée en Allemagne, on salue cette réforme.

"Ce n'est pas le moment" 

Mais au sein de la classe politique, la réforme est plus mal accueillie, y compris au sein de la coalition au pouvoir.  

Nancy Faeser, la ministre allemande de l’Intérieur au cours d’une conférence sur la sécurité et la migration
Nancy Faeser défend la réforme sur la naturalisation des étrangers Image : Bernd von Jutrczenka/dpa/picture alliance

Le secrétaire général du parti libéral FDP, Bijan Djir-Sarai, a déclaré lundi (28 novembre) que ce n’est pas le moment pour un assouplissement de la naturalisation des étrangers. Celui-ci s’oppose ainsi à ce qu’il considère comme une” dévalorisation” de la citoyenneté allemande.  

Le chef du parti conservateur d’opposition CDU, Friedrich Merz, s’est prononcé contre la double nationalité et l’intégration dans le système social. Quant à Martin Huber, le secrétaire général de la CSU, allié historique de la CDU, il a reproché à la coalition de nuire à la confiance dans la politique.  

La ministre de l'Intérieur Nancy Faeser a déclaré que la réforme était attendue depuis longtemps et qu'elle représentait "une grande chance de renforcer notre cohésion sociale". 

Mercredi, le cabinet va discuter des nouvelles règles de naturalisation. Le projet doit ensuite être présenté au Parlement.

Des millions de personnes sans la nationalité allemande 

Une femme montre ses passeports allemand et iranien
Jusqu’ici, beaucoup d’étrangers rechignent à demander la nationalité allemande car ils vont devoir renoncer à leur nationalité d’origine Image : Sven Simon/imago images

Selon l’Office fédéral des statistiques, près de onze millions de personnes vivent en Allemagne sans en détenir la nationalité. Plus de la moitié d’entre eux sont en Allemagne depuis au moins dix ans.  

Ce n’est qu’en 1999 que le droit du sol a été introduit en partie dans le code de la nationalité en Allemagne. Auparavant, l'ancien code datant de 1913 était fondé uniquement sur le droit du sang. 

Dès sa formation, fin 2021, la coalition au pouvoir avait fait part de son intention de moderniser le droit à la citoyenneté allemande. Les réformes annoncées étaient en effet présentes dans le contrat de coalition signés entre les sociaux-démocrates, les Verts et les libéraux. 

Confrontée à une pénurie de main-d’œuvre et au vieillissement de sa population, la première économie du continent européen veut ainsi attirer les travailleurs étrangers indispensables à son économie, en réduisant les obstacles bureaucratiques.