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Accompagner quelqu'un vers une mort choisie, en Allemagne

8 avril 2024

Le point sur le débat autour de la fin de vie : suicide assisté, euthanasie... que dit la loi en Allemagne ?

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Il existe plusieurs façons légales d’aider quelqu’un à mourir. Si la personne le souhaite, bien sûr.

C’est une question très taboue, qui déchaîne les passions et sur laquelle il est difficile de légiférer. Parce qu’elle suscite un débat qui touche à de nombreux domaines, tels que le droit, la santé, la philosophie, l’éthique, la religion. Et parce que la mort nous concerne tous, même si parfois nous faisons mine de ne pas y penser.
La France a annoncé un projet de loi destiné à encadrer la fin de vie. Pour nous, c’est l’occasion de voir comment ça marche en Allemagne.

Des précurseurs en Europe

En Europe, ce sont les Pays-Bas et la Belgique qui ont autorisé les premiers l’euthanasie. Cela fait plus de 20 ans qu’une loi existe, qui encadre très strictement cette pratique. Il faut par exemple établir que la personne qui souhaite y recourir a mûrement réfléchi, mais aussi qu’un médecin et un expert indépendant attestent qu’elle souffre beaucoup et que son état ne peut pas s’améliorer. Le patient doit exprimer une demande que la loi décrit comme "volontaire, réfléchie et répétée".

En Espagne, une loi autorise aussi l’euthanasie, depuis mars 2021, ainsi que le suicide médicalement assisté. Là encore, la personne doit être atteinte d’une "maladie grave et incurable" ou souffre de douleurs "chroniques la plaçant dans une situation d'incapacité". Elle peut alors demander l’aide du corps médical pour mourir.

L’euthanasie – là encore très encadrée – est aussi autorisée au Portugal.

En revanche, elle est interdite en Suisse, où le suicide assisté est autorisé dans certains cas.

En Italie, en Autriche, au Luxembourg, les réglementations sont encore différentes…

Le projet de loi sur la fin de vie en France

Mais en mars 2024, c’est la France qui a remis le sujet sur la table. Avec une annonce d’Emmanuel Macron qui a suscité de nombreux débats : un projet de loi sur la fin de vie.

Les patients majeurs "capables d'un discernement plein et entier", atteints d'une "maladie incurable" avec "pronostic vital engagé à court ou moyen terme" et subissant des souffrances ne pouvant pas être soulagées pourront "demander à pouvoir être aidés afin de mourir", voilà ce qu’a expliqué le chef de l'Etat.

Ni les mineurs, ni les patients atteints de maladies psychiatriques ou neurodégénératives qui altèrent le discernement, comme Alzheimer, ne pourront y recourir. Le texte sera examiné à partir du 27 mai à l’Assemblée nationale et déjà les réactions sont vives, pour ou contre cette mesure.

La différence entre assistance au suicide, suicide assisté et euthanasie

Dans le cas d’une assistance au suicide, le patient doit lui-même lancer la perfusion qui contient le médicament qui lui permet de mettre fin à sa vie. Le personnel médical ou les tierces personnes qui « l’assistent » ne font que mettre le produit à la disposition du patient qui décide lui-même du geste final. 
 
Dans le cas de l’euthanasie, c’est un médecin qui opère l’injection, à la demande du patient bien sûr. Cette demande peut être formulée par des patients qui jugent leur situation insupportable. 
 
L’expression de "suicide assisté" désigne encore autre chose : elle désigne la situation où une personne souhaite recourir à l’assistance au suicide, mais qu’elle a besoin de quelqu’un d’autre pour réaliser cet acte car elle n’en a pas la capacité physique. C’est donc une aide active au suicide qui se situe entre l’assistance au suicide et l’euthanasie.  

Les règles en vigueur en Allemagne

En Allemagne, comme en Suisse, seule l’assistance au suicide est autorisée. Contrairement à l’Espagne, la Belgique ou les Pays-Bas, l’euthanasie est interdite.  
Cette assistance au suicide peut se faire soit par l’intermédiaire d’un médecin, soit par l’intermédiaire d’associations d’aide à la fin de vie. Ces associations s’occupent des démarches administratives et judiciaires pour procurer au patient le produit qui lui permettra de mettre fin à sa vie.  
Aujourd’hui, l’assistance au suicide passe davantage par la voie d’associations d’aide à la fin de vie que par les médecins généralistes, et il en existe actuellement trois dans tout le pays. Parmi elles se trouve la DGHS, la Deutsche Gesellschaft für Humanes Sterben. 
Dieter Birnbacher en est le vice-président. Il explique que "la situation en Allemagne est particulière, parce que le suicide assisté est non seulement légal, mais aussi légal dans toutes les conditions de maladie d’un patient. Le patient ne doit pas être malade ou en fin de vie, mais le désir, la demande de mourir peut-être exprimée dans toutes les situations et doit être respectée."
 

Droits et Libertés  est une émission de Sandrine Blanchard

Avec un merci cette semaine à Nicolas Angerer et ses interlocuteurs : Dieter Birnbacher (DGHS), Helmut Frister (Conseil allemand de l’éthique), Marion Grünau, Astrid Lueg

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