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AES : "une force conjointe" pour lutter contre le terrorisme

Carole Assignon | Gazali Abdou Tasawa
7 mars 2024

Les Chefs des armées des trois pays de l'Alliance des États du Sahel, le Niger, le Mali et le Burkina Faso ont décidé de créer une force conjointe pour lutter contre les groupes terroristes.

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Des troupes nigeriennes lors d'une opération
Les pays de l'AES entendent lutter ensemble contre le terrorismeImage : Issouf Sanogo/AFP/Getty Images

Après l'annonce de leur sortie de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest et la création de l'Alliance des Etats du Sahel (AES), le Niger, le Mali et le Burkina Faso poursuivent leur rapprochement. Les trois pays ont en effet décidé de créer une force militaire conjointe. L'objectif : lutter contre le terrorisme djihadiste

"Cela ne va pas mettre fin tout de suite à l'insécurité"

"Un concept opérationnel"

C'est à Niamey, la capitale nigérienne, que les chefs des armées du Mali, du Niger et du Burkina Faso ont annoncé la création d'une  force conjointe anti-djihadiste qui, assurent-ils, sera opérationnelle dans "les plus brefs délais".

Pour le moment, il existe peu de précisions sur les contours et les effectifs de cette force. Mais les trois armées assurent être parvenues "à élaborer un concept opérationnel" et selon le général Moussa Salaou Barmou, chef d'état-major nigérien des armées, les efforts conjugués des trois pays devraient permettre de créer les conditions d'une sécurité partagée.

A Niamey, Falmata Taya, militante du M62, une coalition de groupes de la société civile contre la présence militaire française au Sahel, estime que la création d'une force militaire conjointe au Mali, au Niger et au Burkina Faso était un impératif.

" Les militaires auraient dû commencer dès le départ avec cette force militaire conjointe avant autre chose, parce que tout le monde le sait, ces trois pays ont en commun le terrorisme qu'il faut éradiquer " assure-t-elle.

Au Burkina, Svenja Schulze plaide pour un retour à l'état de droit

Au Mali, la création d'une force commune aux trois pays était une attente des populations, assure pour sa part l'éditorialiste et analyste Alhousseni Alhadji basé à Tombouctou, dans le nord du pays, une zone souvent la cible d'attaques terroristes.

" Ceux qui attaquent les localités du Mali, du Burkina Faso, du Niger, très souvent, vont se cacher dans l'un ou l'autre de ces trois pays" explique-t-il.

Selon Alhousseni Alhadji "si les trois pays parviennent à se mettre ensemble, cela ne va pas mettre fin tout de suite à l'insécurité, mais il y aura quand même des résultats."

Des défis à relever

 Pour atteindre leurs objectifs, notamment en ce qui concerne la lutte contre les groupes djihadistes, le Niger, le Mali et le Burkina Faso, qui ont rompu avec Paris, se sont rapprochés économiquement et militairement de la Russie.

"Il y aura le défi de l'interopérabilité" Seidick Abba

Pour Seidick Abba, spécialiste des questions sécuritaires, la Russie pourrait appuyer les trois armées en fournissant des armements, du renseignement ou encore des formations. C'est d'ailleurs ce qui se déroule déjà au Mali.

Il rappelle toutefois que les défis restent énormes sur le plan financier, mais aussi logistique.

"Compte tenu de la nature très accidentée du terrain, il faut des moyens de mobilité adaptés et il y aura aussi le défi de l'interopérabilité. Ces armées n'ont pas l'habitude de combattre ensemble (…) Si les armées malienne et nigérienne par exemple n'ont pas le même type de matériel de combat, c'est aussi un défi qu'il faudra régler" explique Seidick Abba qui pense toutefois que ces défis devraient pouvoir être relevés.

Après la création de cette force militaire conjointe, certains analystes estiment qu'une prochaine étape pourrait être la sortie du franc CFA et la création d'une monnaie commune, au sein de l'Alliance des Etats du Sahel.

DW Französisch Carole Assignon
Carole Assignon Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welledw_afrique